Imaginez-vous évoluer dans un monde où toutes les portes vous sont fermées, non pas par manque de capacités, mais parce que le monde n’a pas été conçu pour vous. Je suis récemment tombé sur une publicité d’une entreprise d’électricité française qui illustrait avec force cette réalité. Elle renversait la situation, montrant un monde où les personnes sans handicap se heurtaient à des obstacles à chaque tournant. Si la vidéo met en lumière de manière poignante les obstacles physiques, son message profond évoque quelque chose de plus profond : l’exclusion et l’isolement quotidiens que les personnes handicapées continuent de subir dans des espaces et des systèmes construits sans elles.
Alors que nous célébrons la Semaine nationale de l’accessibilité, du 25 au 31 mai, il est opportun de rappeler que l’accessibilité ne se limite pas à des rampes, des portes automatiques ou des places de stationnement désignées. Si ces aménagements physiques sont essentiels, une véritable accessibilité et inclusion impliquent la création d’environnements – physiques, numériques et sociaux – qui permettent la pleine participation de chacun. Pour y parvenir, nous devons nous attaquer aux obstacles les plus importants, et souvent invisibles : la stigmatisation et les préjugés comportementaux.
Trop souvent, les personnes handicapées sont confrontées à des préjugés sur ce qu’elles peuvent ou ne peuvent pas faire, ou se sentent comme un fardeau lorsqu’elles demandent des aménagements. Il s’agit de capacitisme, une forme de discrimination fondée sur la croyance que les personnes handicapées sont inférieures ou doivent être « réparées ». (L’Encyclopédie canadienne, 2023) D’après mon expérience, cela demeure l’un des obstacles les plus importants à une véritable inclusion, précisément parce qu’il passe souvent inaperçu et n’est pas remis en question. Ce n’est pas une intention malveillante, mais c’est omniprésent et cela se voit partout.
Le capacitisme peut influencer notoirement les systèmes que nous traversons au quotidien. Il peut influencer les pratiques d’embauche lorsque des candidats en situation de handicap sont écartés en raison de préjugés sur leurs capacités. Il est ancré dans des politiques qui considèrent l’accessibilité comme un élément optionnel plutôt que comme un droit fondamental. Il dicte la conception d’espaces publics qui ne répondent toujours pas à la diversité des besoins, et il colore les interactions quotidiennes lorsque les personnes sont ignorées, ignorées ou prises en pitié. Lorsqu’ils ne sont pas remis en question, ces préjugés créent des environnements où les personnes en situation de handicap sont systématiquement exclues, non pas en raison de leur incapacité, mais parce que les systèmes et les espaces n’ont pas été conçus pour elles. C’est ce qui se produit lorsque les personnes en situation de handicap ne participent pas aux décisions. Et lorsque l’exclusion s’ancre dans nos systèmes et notre culture, nous ne nous contentons pas de priver ces personnes d’opportunités : nous privons nos communautés de leurs précieuses connaissances, de leurs talents et de leurs contributions.
Créer des communautés inclusives est une responsabilité collective, et le leadership à tous les niveaux a un rôle crucial à jouer. Les dirigeants doivent promouvoir l’inclusion en allant au-delà des déclarations et en adoptant une stratégie. Cela signifie s’assurer que les personnes handicapées participent activement à l’élaboration des décisions qui ont un impact sur leur vie. Il s’agit d’aller au-delà de la conformité et de se demander continuellement : qui pourrait être exclu de cet espace, de cette conversation ou de cette opportunité, et comment pouvons-nous changer cela ?
Chez ABLE2, nous sommes convaincus depuis longtemps qu’il ne suffit pas de parler d’inclusion : il faut la promouvoir activement. Et nous avons pris cela à cœur. Nous avons redéfini la manière dont nous proposons nos programmes en nous adaptant aux besoins en constante évolution des personnes que nous accompagnons et en améliorant continuellement nos services pour surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées.
Lors de l’embauche de personnel, nous recherchons la meilleure personne et fournissons tout aménagement demandé et l’environnement physique est conçu pour être accessible à tous.
Notre programme de jumelage, qui associe des personnes handicapées à des bénévoles, ne se contente pas de favoriser l’amitié : il transforme les perspectives. Nos alliés bénévoles acquièrent une compréhension approfondie des réalités quotidiennes de leurs amis, brisant ainsi les préjugés et créant des liens authentiques avec la communauté.
Grâce à nos services d’orientation juridique Reach, nous mettons en relation les personnes handicapées avec une liste de plus de 200 professionnels du droit bénévoles, qui démantèlent activement les barrières systémiques et aident les personnes à faire valoir leurs droits en luttant contre la discrimination et la stigmatisation.
Bon nombre de nos événements impliquent des personnes handicapées dans le processus de planification et nous y intégrons également plusieurs aménagements, tels que des zones calmes, des préposés au soutien personnel, des équipes d’accessibilité et des sous-titres en direct.
Au niveau de la direction, nous sommes fiers de compter des personnes en situation de handicap au sein de notre conseil d’administration. Leurs expériences vécues façonnent notre stratégie, remettent en question nos idées reçues et nous permettent de rendre des comptes aux communautés que nous servons. C’est ainsi que se construit une inclusion réelle et durable.
À l’occasion de la Semaine nationale de l’accessibilité, et à chaque instant propice à la réflexion, examinons honnêtement nos propres préjugés et comportements. Remettez en question le langage capacitiste dans vos conversations. Revoyez vos pratiques de recrutement, vos espaces physiques et numériques, vos actions de sensibilisation et continuez à vous interroger : qui pourrait être laissé de côté et comment pouvons-nous changer cela ? Et si vous occupez un poste de direction, placez l’inclusion au premier plan. Assurez-vous que les personnes en situation de handicap ne soient pas seulement consultées, mais qu’elles participent activement aux prises de décision, contribuant ainsi à façonner les espaces, les politiques et les communautés dans lesquelles elles vivent.
Alors, alors que nous envisageons un monde où l’accessibilité est une donnée, et non une réflexion après coup, je vous laisse avec cette question : quel rôle jouerez-vous pour faire de cette vision une réalité ?
Publié par
Directeur exécutif expérimenté à but non lucratif